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Il y a dans Le problème avec les fantômes une douceur qu'on ne croise pas souvent. Une bande de colocs, des conversations de fin de journée, des silences qui pèsent, et l'absence d'un ami qui hante sans effrayer. C'est une BD sur le deuil, oui, mais surtout sur la vie qui continue, bancale, fragile mais drôle. On s'y reconnaît dans les maladresses, dans les mots qu'on n'arrive pas à dire. L'histoire nous montre ce que l'on porte à l'intérieur et de ce que nous, vivants, devons faire pour rester ensemble. 

Magnifique ! 

70 bis, entrée des artistes rouvre les portes d'un Paris effacé : celui de la rue Notre-Dame-des-Champs, du Montparnasse du 19ème siècle, des voix d'artistes et d'ombres qui peignaient encore dans leurs ateliers. Une élégance discrète, un charme ancien. On lit, on regarde, on y croit et on y reste. 

A l'automne 1913, Colette est contactée par Jacques Rouché, tout juste nommé directeur de l'Opéra de Paris. Il propose à l'autrice d'écrire un livret de divertissement féérique pour "dépoussiérer cette vieille institution". Colette est ravie. Elle écrit un texte qui sera, après moult péripéties, mis en musique par Ravel et deviendra le célèbre opéra L'enfant et les sortilèges.

A l'hiver 2023, Dorothée de Monfreid, fan de cet opéra, apprend qu'il sera joué la saison prochaine à Garnier. Après quelques entretiens, elle réussit à obtenir l'autorisation d'entrer dans les coulisses pour en observer la création.

De ces deux évènements, né Fantaisie lyrique, une BD sur l'histoire de cet opéra incroyable et de sa toujours étonnante actualité!

Quand Carmela Chergui découvre par hasard une bande dessinée d'un auteur oublié, elle ne sait pas encore que sa curiosité première va la mener beaucoup plus loin...  D'abord, sur les traces de l'artiste autodidacte touche-à-tout, Etienne Mériaux. Plus tard, sur celles de Gonzalo, son oncle disparu sous la dictature militaire du général Videla en Argentine. Deux trajectoires a priori sans lien, sinon celui l'art, de la disparition et d'un café parisien fréquenté par l'autrice dans son enfance. Le parfait livre-enquête de cet hiver ! 

Abby s'installe lentement dans sa nouvelle vie de couple : elle prépare le café, cuisine pour David et sa belle-fille Crystal.
Discrète et peu sociable, elle tente de s'épanouir dans cette vie en construction.
Mais qu'est-il vraiment arrivé à la mère de Crystal, l'artiste dont personne ne parle ? Quels secrets recèle leur maison au bord de l'eau, et qu'en est-il des vieux rêves et peurs d'Abby?

Une invitée dans la demeure est un récit déroutant. Tantôt horrifique, tantôt romantique, tragique ou encore poétique. L'histoire nous fait passer d'une émotion à une autre sans violence mais plutôt bercé par une mélancolie ambiante. Une lecture singulière et intéressante !

C'est un conte de Noël, mais c'est aussi du Peter Stamm, et donc : fin, doux-amer, teinté de nostalgie et d'une tendre confusion existentielle. Parfait pour celles et  ceux qui préparent un Noël non conventionnel, loin des clichés. 

Comment raconter une vie invisible, celle du voisin en l'occurence, qui fut un ami avant que l'oubli et le silence ne l'engloutissent ? La plume délicate de Daniel Bourrion trouve les mots justes pour dire l'absence et la solitude de ces trajectoires fantômes qui finissent par hanter les vivants. Un premier roman sensible très réussi !

Des rues cossues de Neuilly aux intérieurs raffinés du XVIème arrondissement, en passant par les clubs sélects de l'aristocratie, les Pinçon-Charlot ont arpenté durant toute leur carrière l'univers bien ordonné des beaux quartiers parisiens. Dans ce premier opus enfin réédité, on découvre avec un plaisir certain tout ce qui fait la sève de leur travail : une langue accessible et malicieuse, une méthodologie rigoureuse, un regard critique subtil. Relire ce texte, devenue une référence en sociologie urbaine, c'est aussi se plonger avec nostalgie dans l'histoire d'un Paris bientôt en voie de disparition. 

Dans ce très bel album sur le temps qui passe, l'attente qui s'étire affadit toutes les couleurs environnantes... Barbara pleure son mari, qui s'est embarqué un jour et ne revient pas. Et si le chant d'un petit oiseau pouvait ramener la joie ? 
Une jolie histoire sur l'absence mais aussi sur la liberté, dès 3/4 ans

(Andrea Espier vient en dédicace à Atout Livre ! samedi 8 novembre 11h-13h )

Charlie, 13 ans, hérite d'un chat... Et d'une sacrée histoire de famille ! Celle qui évolue chaque jour autour d'elle lui suffisait déjà... Mais la voilà poussée par sa curiosité à enquêter sur cette mystérieuse arrière-grand-mère, qui aurait été à la tête d'une école... de sorcières ? De nos jours ? Non mais n'importe quoi !!

Une très chouette histoire comme Astrid Desbordes sait si bien nous les offrir : pleine de rebondissements inattendus, de personnages hauts en couleurs, avec en toile de fond la grande force des vraies amitiés.

Pour les 9/12 ans

On dit que le grand Koste mange les os des vieux et réalise les voeux des enfants... Bonne nouvelle pour Lopal qui cherchait à se débarasser de son papi qui passe ses journées à tricotter ! Un roman d'aventure qui nous embarque dans les légendes de l'est et détricotte les liens entre les grands-parents et leurs petits-enfants ! Evidemment, tout se termine auprès du feu, enroulé dans une couverture de laine.

Mieux vaut en rire ! Décidé à sauver sa peau de "bobo", Mark Fortier décide de suivre la direction du vent et tente de se convertir aux préceptes du néo-fascisme ambiant, dont Giorgia Meloni et Donald Trump sont les principales incarnations. Pour comprendre ce lent mais incontestable glissement vers la fin de la démocratie, il assume la dérision et démystifie avec malice l'entreprise de réécriture de l'histoire opérée par l'extrême-droite. Mêlant humour et références littéraires ou philosophiques, Devenir fasciste propose un pas de côté qui fait du bien !

En plein Chili contemporain plus que violent vis-à-vis des femmes, l'héroïne, jeune fille des favelas, part en roadtrip avec ses deux amies pour se rendre à la fête de la Vierge Noire à la Tirana. Dans une langue vibrante, crue et poétique, l'autrice nous entraîne dans un pèlerinage mouvementé et nous fait ressentir la peur, la colère, la tristesse et le désir de ces femmes qui ont la rage et l'urgence de vivre, envers et contre tout. Un premier roman puissant.

Une vitrine vide au musée, et tout s'emballe. De là nait une enquête improbable : retrouver la trace d'une licorne disparue, d'un chasseur fantôme, d'un mythe qui se dérobe. C'est une énigme sans certitude, un voyage dans la mémoire et le mensonge où l'imaginaire s'invite dans les failles du monde. Un album poétique, plein de mystère et d'esprit, qui nous rappelle qu'il reste encore des histoires à poursuivre, même quand elles s’effacent des vitrines. 

Des multinationales sans scrupules qui asservissent les États et s'opposent à la volonté démocratique ? Non ce n'est pas une dystopie, ni une théorie du complot, mais le monde parallèle quoique bien installé des tribunaux d'arbitrage qui jugent les litiges entre entreprises et États hors de tout cadre légal. Avec une expertise certaine, Amina Hassani analyse l'essor puis l'emprise de ce système juridique qui n'obéit qu'aux règles du marché, au détriment de l'intérêt général. Face à ce tableau inquiétant, elle témoigne d'un espoir naissant alors que citoyens, ONG et une poignée d'États du Sud se font entendre pour réclamer justice !

C'est un roman coup de point, cru et presque insoutenable parfois. Jeanne, actrice porno en pleine ascension et Nathan, doctorant en cinéma, se rencontrent dans une clinique de désintoxication. Deux trajectoires fracassées qui cherchent à se réparer sans y croire vraiment. Leur histoire d'amour n'a rien de romantique : elle est violente, hallucinée, traversée par la drogue, le sexe et la honte.

Clément Camar-Mercier a une langue précise et presque chirurgicale, habitée d'un vrai sens théâtral. Chaque dialogue claque, chaque scène sonne juste. Il explore les gouffres : la dépendance, le vide, la marchandisation des corps...sans jamais céder au voyeurisme.

Entre les murs graffités d'un skatepark montréalais, Gabriel Cholette raconte ce que c'est qu'aimer quand l'amour fait mal. Un groupe d’homosexuels s'approprie cet espace pensé pour les autres, et dans cette réinvention du monde l'auteur remonte le fil d'une histoire d'amour abimée : un ancien amant qui cache, qui frappe, qui a honte. L'homosexualité refoulée devient une arme, l'amour une survie.

En arrière-plan, il y a le père : figure rigide, symbole d'une virilité qu'il aurait fallu endosser et ce fils qui, au lieu de devenir "un homme", apprend à se délier.

Pas de grandes envolées stylistiques, mais une langue directe, québecoise, familière : celle de la rue, de la sueur, du quotidien. Et pourtant, derrière cette simplicité, une vraie émotion : celle d'un garçon qui cherche à ne plus avoir peur. Le Straight Park, c'est un cri doux, une tentative de réconciliation entre la rage et la tendresse, entre le besoin d’être aimé et celui de se reconnaitre enfin.

Dans la continuité du premier volume, Ils s'aiment, les photos de Des hommes amoureux racontent cent ans d'amour entre hommes, saisi en secret, offert en lumière. Des regards, des gestes, des tendresses volées au temps : autant de poèmes silencieux qui traversent les générations. Un livre qui ne documente pas mais qui émeut simplement, profondément.

Quelle belle idée des éditions Tishina de sublimer ce grand classique de la littérature sud-américaine avec les illustrations au crayon de Joanna Concejo. Les mots comme les dessins rendent hommage à la nature sauvage de la jungle amazonienne. L'occasion de découvrir (ou d'offrir) un texte à la sagesse universelle, véritable hymne de liberté et de résistance à la barbarie des hommes !

Une réecriture moderne de Ils étaient dix, chef-d'oeuvre d'Agatha Christie !
Marine Carteron manie le suspens d'une main de maitre et interroge la légitimité de la vengeance.

Un page-turner terrifiant ! A partir de 15ans.